Syndrome chez l’enfant
Le syndrome des jambes sans repos ou Maladie de Willis-Ekbom reste encore mal connu chez l’enfant. Il est surtout trop peu considéré par les pédiatres et ignoré par la plupart des médecins spécialistes de l’enfant.
Les symptômes de la Maladie de Willis-Ekbom (MWE) ou Syndrome des Jambes Sans Repos (SJSR) peuvent se manifester dès l’enfance ou à l’adolescence.
Prévalence
Un début avant l’âge de 18 ans est même fréquent puisque 38 à 45 % des adultes affectés par le SJSR ont décrit le début de leurs symptômes avant l'âge de 20 ans. Utilisant des critères diagnostiques propres à l’enfant et publiés en 2003, une étude a retrouvé une prévalence de 4,9 % au sein d’une population de sujets âgés de moins de 18 ans et une autre a retrouvé des taux de 1,9 % pour la tranche d’âge comprise entre 8 et 11 ans et de 2 % pour la tranche de 12-17 ans, les deux sexes étant touchés avec la même fréquence.
Plus récemment, deux enquêtes menées en Turquie ont retrouvé respectivement des taux de prévalence de 2,74 % au sein d’une population d’enfants et d’adolescents âgés de 10 à 19 ans, et de 3,6 % au sein d’une population d’adolescents âgés de 15 à 18 ans.
Critères de diagnostique
Les critères diagnostiques du SJSR chez l’enfant ont été révisés en 2013 afin de mieux intégrer les nouvelles données de la littérature scientifique concernant le SJSR chez l’enfant.
Nécessitant une description verbale des symptômes, ces critères restent difficilement applicables à des enfants de moins de 6 ans. La présence chez l’enfant de mouvements périodiques du sommeil (MPS) avec un index > 5 par heure de sommeil est un argument clinique supplémentaire en faveur du diagnostique de SJSR, ainsi qu’une histoire familiale de SJSR et/ou de MPS.
En effet, et selon les études, 63 à 74 % des enfants souffrant d'une MWE présenteraient des MPS. Comme pour les adultes, la Maladie de Willis-Ekbom de l’enfant produit des conséquences négatives sur le sommeil, la concentration, l’humeur et l’état cognitif. L’altération de la qualité du sommeil est très fréquente. Rapportée par 88 % des enfants souffrant de SJSR, elle est parfois largement placée au premier plan des plaintes par l’enfant et/ou par les parents, et 70 % des enfants se plaignent de fatigue ou somnolence au cours de la journée.
Le Trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité, la dépression et l’anxiété sont des conditions psychiatriques plus fréquemment retrouvées chez l’enfant avec SJSR que chez ceux sans SJSR.
Traitement chez l'enfant
Privilégier une bonne hygiène de vie
Chez l’enfant, le traitement de la Maladie de Willis-Ekbom reste mal codifié. La plupart des études s’accordent toutefois sur l’importance d’une bonne hygiène de sommeil. En effet, l’insuffisance de sommeil et l’irrégularité des horaires de coucher sont considérées comme des facteurs aggravant le SJSR.
Pour les adolescents, il est important d’éviter la consommation tabagique, alcoolique et caféinée. En cas de carence martiale, l’apport de fer peut être bénéfique.
Les agonistes dopaminergiques ne sont pas actuellement recommandés chez l’enfant et l’adolescent et, dans les formes sévères de la maladie chez l’enfant, le recours aux anti-épileptiques reste préférable.
Textes rédigés par le Docteur Imad Ghorayeb
Neurologue
Maître de Conférences - Praticien Hospitalier
Service de Neurophysiologie Clinique
CHU Pellegrin Bordeaux