Le syndrome des jambes sans repos enfin expliqué
Un besoin impérieux de se lever, des picotements dans les jambes et des démangeaisons, notamment la nuit, et qui nuisent fortement à la qualité du sommeil. Pour 2 à 8% de la population française, ces symptômes désagréables font partie de leur quotidien : ils souffrent de la maladie de Willis-Ekbom, aussi connue sous le nom de syndrome des jambes sans repos. Dans certains cas, l'exercice peut réduire les symptômes. Des suppléments de fer peuvent également être prescrits en cas de carence en fer. Pour les cas les plus graves, il existe également des médicaments, mais beaucoup ont des effets secondaires graves s'ils sont pris trop longtemps.
Jusqu’ici associé à un déficit en dopamine, la substance chimique qui permet la transmission de l’information entre les cellules nerveuses dans la moelle épinière, le syndrome des jambes sans repos serait aussi lié à un dysfonctionnement de la partie du cerveau qui traite les informations sensorielles. C’est en tout cas la thèse émise par des chercheurs de l’Université du Minnesota, dont l’étude a été publiée le 25 avril dans Neurology, la revue médicale de l’American Academy of Neurology.
"Notre étude, qui nous croyons est la première à montrer des changements dans le système sensoriel avec le syndrome des jambes sans repos, a montré des changements structurels dans le cortex somatosensoriel du cerveau, la zone où les sensations sont traitées", explique Byeong-Yeul Lee, principal auteur de l’étude.
Le cortex somatosensoriel du cerveau fait partie du système somatosensoriel du corps : il reçoit des informations provenant de la surface du corps par l'intermédiaire de neurones relais et de neurones sensitifs. Ce système nous aide à percevoir le toucher, la température, la douleur, le mouvement et la position. Pour les chercheurs, "il est probable que les symptômes peuvent être liés aux changements pathologiques dans cette région du cerveau".
Des changements dans le cortex somatosensoriel
L'étude a porté sur 28 personnes présentant des symptômes sévères de jambes sans repos et souffrant de ce trouble durant en moyenne 13 ans. Ils ont été comparés à 51 personnes du même âge, non atteintes par le syndrome des jambes sans repos. Chaque participant s’est soumis à un scanner cérébral avec imagerie par résonance magnétique (IRM).
Les chercheurs ont découvert que les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos présentaient une diminution de 7,5% de l'épaisseur moyenne du tissu cérébral dans le cortex somatosensoriel par rapport aux participants en bonne santé. Ils ont également constaté une diminution substantielle de la zone du cerveau où les fibres nerveuses relient un côté du cerveau à l'autre.
"Ces changements structurels rendent encore plus convaincant que les symptômes syndrome des jambes sans repos découlent de changements uniques dans le cerveau et fournissent un nouveau domaine de concentration pour comprendre le syndrome et éventuellement développer de nouvelles thérapies."
Les travaux des chercheurs montrant un lien possible entre les symptômes et les zones du cerveau qui traitent l'information sensorielle, il est possible que le syndrome des jambes sans repos soit lié à une altération de la fonction dans d'autres parties du système sensoriel. D’autres études devront cependant le démontrer.