Santé | Des mots sur les maux
Robert 68 ans, affronte le syndrome des jambes sans repos
"J'étais devenu agressif avec mes proches"
"En 2002, alors que j'évoluais dans un gros cabinet d'études, on m'a signalé que j'étais trop vieux, trop cher, qu'on aimerait que je prenne la porte. Je n'en avais aucune envie. Du jour au lendemain, tout s'est déclenché. Des sortes de décharges électriques dans les jambes ont commencé à me réveiller la nuit. Au début, on ne prend pas ça trop au sérieux. On se lève, on boit de l'eau, on va aux toilettes, on se recouche et ça passe. Mais la situation a empiré. Un médecin m'a dit que je devais avoir le syndrome des jambes sans repos. Il m'a encouragé à aller dans un centre du sommeil et m'a prescrit une première molécule. Au bout de trois mois, celle-ci ne faisait plus d'effet. J'ai ensuite consulté un neurologue. Alors que j'arrivais plein d'espoir, il m'a assené : "Je ne peux rien faire pour vous, bon courage !" Je suis ressorti complètement déprimé. Mes nuits sont devenues de plus en plus compliquées. Un jour, à 4h30 du matin, j'ai vu la présidente de l'association France Ekbom s'exprimer sur France 2. J'ai adhéré à l'association, elle m'a appelé dès le lendemain et m'a orienté vers un autre neurologue, qui m'a prescrit un autre médicament. Cela a fonctionné un temps puis n'a plus suffi à calmer mes douleurs et j'ai refusé de dépasser les doses recommandées. Progressivement, mes bras ont été atteints. Pendant des années, ces problèmes ont conditionné ma vie. Je regardais la télévision jusqu'à l'épuisement, me couchais à 2 heures, m'endormais à 6 heures, le temps que mon traitement fasse effet. J'étais devenu agressif, irritable avec mes proches et la nuit, je réveillais ma femme. Heureusement depuis deux mois, j'ai enfin trouvé un antalgique qui me convient. Je dors bien et je n'ai plus cette angoisse de ne pas y parvenir. Mais mon corps n'est pas encore complètement habitué."
En savoir plus sur la maladie de Willis Ekbom
D'origine neuologique, ce qu'on appelle aussi le syndrome des jambes sans repos provoque des fourmillements, démangeaisons, picotements ou courants électriques le long des jambes et parfois des bras, alors que l'on reste immobile. Ces sensations disparaissent quand on se lève ou se met en mouvement. Présents durant la journée, ces "impatiences" s'intensifient le soir et durant la nuit, où elles engendrent des troubles de l'endormissement et du sommeil.
Divers médicaments sont performants pour les contrer, comme les benzodiazépines et les agonistes dopaminergiques, ainsi que certains antiépileptiques et des dérivés morphiniques.