Une personne insomniaque sur dix souffre aussi d’un syndrome des jambes sans repos

Une personne insomniaque sur dix souffre aussi d’un syndrome des jambes sans repos
Par Raphaëlle Bartet - LE FIGARO santé
Date de publication :
11 février 2019

Près de 10 % des patients qui consultent pour une insomnie se voient diagnostiquer un syndrome des jambes sans repos. Cette maladie neurologique chronique peut se traiter par des médicaments.

Fourmillements, désagréables impatiences dans les jambes ou sensations de décharges électriques… Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) également baptisée maladie de Willis-Ekbom est un mal sournois qui peut passer inaperçu la journée, mais impose un besoin irrépressible de les bouger une fois au repos ou allongé. S’y associent également des mouvements périodiques répétés des jambes. 

«D’une durée d’une à dix secondes, ils surviennent à intervalles réguliers toutes les trente à quarante secondes et peuvent durer toute la nuit»,explique le Pr Yves Dauvilliers, neurologue et responsable du Centre du sommeil du CHU de Montpellier, rare centre spécialisé en France sur le syndrome des jambes sans repos. Visibles sur un enregistrement du sommeil, ces mouvements donnent lieu à des éveils nocturnes aux fâcheuses répercussions, dont celle d’élever la tension artérielle et la fréquence cardiaque.

Un problème essentiellement d’origine génétique

Sa principale conséquence? L’insomnie associée à une réduction du temps de sommeil, qui pousse deux tiers des patients non diagnostiqués à consulter pour ce motif. «Le syndrome des jambes sans repos est une maladie neurologique très fréquente qui peut toucher jusqu’à 10 % de la population avec 2 % de cas très invalidants», précise le Pr Dauvilliers. 

Essentiellement génétique (50 % des formes), ce trouble atteint principalement les femmes et s’aggrave avec l’âge. «Il est souvent confondu, avec la maladie de Parkinson. Les sujets prédisposés génétiquement manquent de fer. Cette carence élève la production de dopamine dans le cerveau.» 

Pour le diagnostiquer, le médecin traitant prescrit un dosage sanguin de la ferritine et évalue les causes liées à l’insomnie. Si le syndrome est léger, certaines règles d’hygiène de vie et du sommeil, arrêt du tabac et des excitants, peuvent suffire. «Il est aussi important de revoir les traitements. Les antidépresseurs, neuroleptiques notamment, peuvent favoriser les impatiences»,ajoute Yves Dauvilliers.

Des médicaments efficaces à petites doses

Le traitement médicamenteux est réservé aux formes modérées à sévères qui entraînent des répercussions sur la qualité du sommeil et de la vie diurne. Les agonistes dopaminergiques (Pramipexole, Rotigotine) sont prescrits en première intention. Pour Yves Dauvilliers, «ces médicaments sont efficaces, mais à très petites doses. Car dès que l’on augmente la posologie, le taux de dopamine s’élève et peut être à l’origine de complications. Le but du traitement doit être anticipé sur le long terme et doit donc être adapté à chaque patient pour une médecine personnalisée». 

La seconde classe médicamenteuse indiquée, mais pour laquelle il n’existe pas d’autorisation sur le marché, est la Prégabaline ou Gabapentine, de la famille des antiépileptiques. Ce traitement a peu d’effets secondaires, mais marche moins bien sûr les mouvements périodiques. En cas d’échec de ces deux familles, des opioïdes peuvent être prescrits, avec parcimonie à cause de leur potentiel addictif.

Aucun traitement n’est pris en charge

Un problème du SJSR est qu’à ce jour, aucun traitement n’est remboursé par l’assurance-maladie. «La France est l’un des rares pays d’Europe à ne pas avoir établi de prise en charge, déplore le professeur Dauvilliers. On ne parle pourtant pas de maladie rare, mais elle est mal enseignée et peu connue des médecins qui ne prennent pas leurs patients au sérieux, d’autant que le syndrome des jambes sans repos ne se voit pas. Heureusement, les traitements disponibles marchent bien.»

L’avenir est peut-être du côté de la recherche, puisque plusieurs variants génétiques impliqués dans la maladie ont déjà été identifiés. «Nous commençons à mieux appréhender le rôle des gènes dans le fonctionnement du fer. Il nous reste encore à comprendre comment agir sur ce terrain pour trouver un traitement individualisé selon la sévérité de la maladie, de l’insomnie et du problème cardio-vasculaire qu’il entraîne». La voie d’une médecine personnalisée est en marche.

 

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